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Le meilleur remède contre la phobie sociale : L'espoir est contagieux, comme le rire (Joan Baez)

Regard des autres et phobie sociale

Est-ce que vous avez vous aussi des phobies sociales ?

Quelle importance donnez-vous au regard des autres ?

Quand j’étais enfant, ma mère avait plein de rêves en tête pour moi.

Je deviendrai ingénieur comme papa… et comme j’aimais la nature, ils voulaient me coller aux eaux et forêts… mais je n’aimais pas les autres.

Je souffrais d’un truc bizarre qu’on pourrait nommer “phobie sociale.”

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Phobie sociale, peur du regard des autres et manque de confiance en soi

Je ne l’ai pas choisi, mais j’avais quelques prédispositions qui faisaient qu’on me remarquait tout de suite.

J’ai toujours été grand.

J’ai grandi très vite.

Je mesure aujourd’hui 1,94m, imaginez un grand dadais dans une classe.

Je grandissais tellement vite que j’en étais maladroit: je n’arrêtais pas de casser ou renverser des choses.

… alors je me suis enfermé dans mon propre univers et j’ai énormément lu, même le soir, tard, sans lumière, dans mon lit.

Aujourd’hui, je suis très myope.

Reprenez l’image du grand dadais myope comme une taupe, avec des lunettes aux verres tellement épais que vous aviez l’impression d’avoir des loupes devant les yeux.

On me montrait du doigt… et on se moquait de moi.

Le regard des autres, j’en ai pas mal souffert… et je me suis de plus en plus replié dans mon univers.

J’ai eu de mauvaises notes en classe, je préférais échouer par manque d’implication que de donner raison aux autres en leur montrant que j’étais un incapable… d’ailleurs, ils le pensaient de toute façon.

Je n’avais pas d’amis.

Êtes-vous capable de vous imaginer en train de tomber dans un gouffre noir et de ne pas vous sentir capable de remonter?

C’était un peu ce que je vivais… et ça a duré vachement longtemps.

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Premiers pas pour sortir du gouffre

En 5ème, quand j’ai appris les échecs lors d’un séjour linguistique, j’ai senti que je tenais là quelque chose dans lequel je pouvais devenir bon, alors je m’y suis collé et deux ans plus tard, je me suis inscrit en club.

J'ai tenté les échecs pour guérir de ma phobie sociale
J’ai tenté les échecs pour guérir de ma phobie sociale

© Dan Zen

Je me rappelle encore la tête de ma mère, quand une autre maman est venue la voir pour lui dire : “vous vous rendez-compte? Votre fils a battu le mien aux échecs, ça veut dire qu’il ne doit pas être si bête que ça.”

Ouaouh, ce “pas si bête que ça.”

C’était ainsi que les autres me voyaient… et ma mère en a énormément souffert… et je pouvais le sentir sur moi, cette impuissance qu’elle avait à me faire devenir ce fils qu’elle avait toujours rêvé d’avoir.

J’ai joué aux échecs pendant pas mal de temps, remportant quelques championnats.

Pour ceux qui s’y connaissent, quand j’ai arrêté, j’avais un classement elo de 1880.

J’ai un peu rejoué sur Internet il y a peu et je tiens encore ce niveau.

Pour ceux qui n’y connaissent rien, j’étais capable de jouer une partie en entier sans regarder l’échiquier (on appelle ça jouer “à l’aveugle” … et de gagner).

Mais les autres ne jouaient pas aux échecs.

… et à jouer en club, vous obtenez rapidement un tel niveau qu’il n’est plus intéressant de jouer contre vos camarades, car ils sont loin d’avoir le même niveau (j’ai remarqué que c’était pareil pour les dames et le ping-pong, mais que ce n’était apparemment pas le cas pour le football).

J’avais besoin de sortir de ma bulle, sortir de cette spirale qui me tirait vers le bas, besoin de m’affirmer, alors c’est tout naturellement que je me suis mis aux arts-martiaux et sports de combat.

J’ai mis du temps à trouver quelque chose qui me convenait et tous les ans, j’ai changé de style… et tous les ans, j’ai donc recommencé en tant que débutant car les écoles n’ont rien à voir les unes les autres: qui a fait du karaté n’y connaît rien à la boxe anglaise ou en judo et vice-versa.

J’ai énormément lutté pour commencer à me voir autrement, car le pire dans tout ça, c’est qu’on voit chez les autres ce que l’on a soi-même chez soi : on voit les autres en miroir par rapport à soi-même.

Comme tout le monde me regardait comme un moins que rien, je me croyais nul et incapable et je n’arrivais donc à rien.

J’ai fini, dans la souffrance, par trouver une méthode qui m’a permis de m’éloigner du regard des autres et de m’affirmer vis à vis de moi.

phobie sociale et désespoir (par Kamary)
phobie sociale et désespoir (par Kamary)

 

Si je ne crois pas en moi, qui y croira?

Si moi, je ne crois pas en moi, comment puis-je espérer que les autres y croient, eux, en moi?

Si je ne suis pas convaincu d’être un gars bien, pourquoi est-ce que toi, qui ne me connais pas, tu le croirais et tu me ferais confiance?

Le regard des autres, c’est ce qui vous permet de vous construire, mais c’est également ce qui peut vous détruire.

Il faut le reconnaître pour ce qu’il est, mais avant lui, le plus important, c’est de reconnaître votre propre valeur en dehors du cercle des autres: moi, au fond de moi, qu’est-ce que je vaux?

Pour me prouver ce que je vaux, j’ai dû me trouver des points forts: échecs, combat, …

J’ai vécu des expériences que tout le monde n’a pas vécu, comme mon séjour dans la forêt amazonienne.

… et puis j’ai avancé pas à pas pour obtenir un Master 2 de commerce et management franco-allemands et devenir directeur export.

Je suis parti de très bas et quand j’ai décidé de ne plus tomber dans ce gouffre noir et oppressant, je m’y suis mis pas à pas.

Il faisait tellement noir que je ne voyais d’ailleurs pas ces pas que je faisais… et puis un jour, je me suis aperçu que j’étais sorti à la lumière : je pouvais encore tomber, mais j’avais pris conscience qu’il m’était plus facile de continuer à lutter pour monter que de me laisser retomber et de lutter pour repartir.

C’est un peu comme pour la fusée: au décollage, elle a besoin d’énormément d’énergie pour se détacher de la gravité terrestre et une fois qu’elle est en l’air, elle a besoin d’un tout petit peu de carburant, histoire de rester dans la bonne orbite et ne pas retomber.

Aujourd’hui, le regard des autres, je ne lui prête plus trop d’importance car je me connais au fond de moi-même, aussi je peux me permettre de vivre comme je l’entends et ne pas être formaté comme la société le souhaite.

Les bienfaits du regard des autres

Attention, je ne dis pas qu’il faut se libérer totalement du regard des autres: ça fait du bien, quand on va mal, d’entendre comment les autres nous voient.

En tant que blogueur, j’ai reçu, dernièrement, pas mal de messages super motivants, du même type que celui de mademoiselle Waafa, 24 ans : “concernant votre blog, je le trouve super intéressant, car vos conseils m’aident beaucoup dans mon quotidien.”

Des gens du monde entier me lisent et m’encouragent… et quand j’ai une baisse de régime, alors leur regard me permet alors de retrousser mes manches et de continuer dans cette voie.

Le regard des autres peut être constructif… et destructif.

Il faut être fort et bien se connaître pour savoir s’en détacher quand il nous conduit dans le mur ou nous tire vers le bas… et savoir l’accepter quand, au contraire, il nous soutient et nous pousse vers le haut : l’espoir aussi est contagieux et s’il faut apprendre à mettre un mur entre ce qui nous tire vers le bas et nous, il faut aussi accepter les messages d’espoir qu’on nous envoie, car l’espoir est contagieux et il nous tire vers le haut.

L'espoir est contagieux, comme le rire : le meilleur remède contre la phobie sociale ?
L’espoir est contagieux, comme le rire : le meilleur remède contre la phobie sociale ?

Avant de vous quitter, je souhaiterais partager avec vous les paroles d’un humoriste américain, Bill Cosby :

“Je ne sais pas quelle est la clé du succès, mais la clé de l’échec est d’essayer de plaire à tout le monde”

Prenez conscience, comme moi, que vous ne pourrez jamais plaire à tout le monde.

N’essayez même pas.

Tant pis si la personne à qui vous auriez voulu plaire ne vous aime pas, le dicton “une de perdue, dix de retrouvée” n’est pas aussi faux que ça.

Et vous, le regard des autres, est-ce qu’il vous fait souffrir ou est-ce qu’il vous permet de vous affirmer?

J’ai écrit cet article sur une proposition de Laurence, du blog Happy Soul en partenariat avec devperso.org.

Vous trouverez son article qui a lancé cet événement ici.

Cet article a 7 commentaires

  1. Bonjour Jean-Louis et merci pour ce témoignage touchant sur tes propres peurs.

    Je reste admirative de cette mise à nu ainsi que de la description de ton parcours pour remonter vers la lumière. Je trouve ton texte vraiment très beau et faisant particulièrement réfléchir sur la place que nous accordons au regard des autres dans notre vie.

    J’en ai profité au passage pour apprendre ce qu’était le classement Elo !

    Merci de cette très belle participation !

  2. Joëlle jujube

    Votre témoignage me touche beaucoup.Bravo pour cette remontée lente et progressive du fond d’un puits très noir….félicitations et merci car il apporte l’espoir.Le regard des autres peut effectivement être valorisant comme l’inverse. En prenant de l’âge on se retourne sur le chemin parcouru…et puis c’est vrai on ne peut pas plaire à tout le monde.Il faut accepter de se dire ‘ceux là ne sont pas les amis.Ils ne sont pas bienfaisants pour moi’ .Se tourner vers ceux qui le sont pour vous et vous réchauffent le coeur en les voyant.Penser à leur regard à eux permet de se protéger…Encore vravo et merci…que votre route soit pleine de soleil.

  3. salut cette article me parle car moi aussi je me suis des fois créer mon propre monde, aujourd’hui le fait d’écrire un blog m’ouvre vers le monde

  4. Merci Jean-Louis pour ce bel article de mise à nu et de pleine parole du cœur…
    Le regard de l’autre, vaste sujet. On y est sans cesse soumis depuis l’enfance : parents, environnement familial, même frères et sœurs, puis école, copains, profs, et enfin le travail et les collègues. Tout ça peut être une jungle. Je n’ai pas trop de recul sur ça pour moi-même. Je sais que je manque de confiance en moi, dans certains cas, que des trucs de mon enfance m’envahissent encore et me freinent, que j’ai aussi une grande force d’abnégation quant à mes projets de réussite professionnelle sur Internet, et je sais aussi que tous, nous nous sentons nourris lorsqu’on nous soutient et encourage dans nos projets. Je me souviens que comme pas mal de monde, je n’arrivais pas à être bien en cours si un prof ne m’aimait pas. Bref tout ça en vrac, décousu, me montre que je n’ai pas vraiment de recul sur la question.
    Mais je peux te dire qu’il y a différentes intelligences, y compris celle du cœur par exemple. Tu vois, j’étais « intelligente » à l’école (sauf en maths lol), mais je suis « bête » en jeux d’échecs et tout ce qui est stratégique. On a tous nos richesses et nos points faibles, le tout est de renforcer nos forces, les mettre en avant, se focaliser dessus comme tu as fait avec les échecs notamment, et peut-être de s’appuyer dessus pour avancer et se sentir plus confiant. Mais il est vrai qu’il est difficile, surtout pour un enfant, de se construire et d’avoir confiance en soi si le regard de l’autre nous abaisse…

  5. Cat

    « Si je ne suis pas convaincu d’être un gars bien, pourquoi est-ce que toi, qui ne me connais pas, tu le croirais et tu me ferais confiance? »… effectivement! surtout venant d’un grand dadais avec des grosses lunettes…
    Quel parcours! et quel bouleversant témoignage que le regard des autres peut mener loin dans la souffrance!
    Moi, je ne te connais pas et je te découvre à travers ton témoignage si profondément touchant. Un gars bien? Oh que oui! et de la façon la plus humaine qui soit : celle de la souffrance que tu as vécu et enduré, de la souffrance de ta famille de te savoir aussi souffrant et de leur impuissance à t’aider que tu as pris encore sur tes épaules. Tout ça, cette sombre obscurité de tristesse, c’est maintenant devenu la belle lumière que tu répands autour de toi, dans ta famille, dans ton travail, dans ta vie toute entière.
    Etre heureux, ça se mérite? Et par la souffrance en plus? Non!! être heureux, ça se vit! Par soi-même, pour soi-même d’abord, mais il faut l’apprendre et ton apprentissage est l’un des plus émouvants que j’ai lu.
    Merci Jean-Louis pour tes mots qui m’ont émue aux larmes, je te souhaite tout le bonheur du monde tout au long de ta vie!

  6. Salut Jean-Louis,:-)

    Hoooo ton histoire… merci pour la sincérité! Ce site il existerait pas si tout avait été rose dans le meilleur des mondes…;-) donc on dira une motivation pour se dépasser, une invitation à aller se connecter avec nos propres ressources, et ensuite créer pour permettre à d’autres de gérer leur souffrance!?
    Est-ce que d’être un peu l’extra-terrestre, familial et social fait qu’on se construit un autre regard, sur la vie, du pourquoi de notre existence sur terre, un regard élargi:-)
    J’aime bien l’ambiance de ton site, boîte à outils pour soucis divers avec cette envie de tout donner qui déborde!
    :-)

  7. karine

    Bonjour Jean Louis. Un grand merci pour ce témoignage. Il est vrai que le regarde des autres nous paralyse tant qu’il nous amène à agir pour obtenir de la reconnaissance, pour être comme les gens veulent que l’on soit!!!!mais, comme tu le dis, on ne peut pas plaire à tout le monde…..et heureusement!!!!se plaire à soi même est déjà une belle aventure. Merci pour toute ton authenticité et tous tes partages.

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